Les demi-couleurs-Gris pluie, rose bonbon
Par Dominique Simonnet (L'Express)
Reste le gris, que vous mettez à part,
Oui, car il a presque tous les caractères d'une
vraie couleur: il n'a pas de référents, le mot est ancien (il vient du
germanique grau) et il possède un double
symbolisme. Pour nous, il évoque la tristesse, la mélancolie, l'ennui, la
vieillesse; mais, à une époque où la vieillesse n'était pas si dévalorisée, il
renvoyait au contraire à la sagesse, à la plénitude, à la connaissance. Il en a
gardé l'idée d'intelligence (la matière grise). A la fin du Moyen Age, on le
voyait comme le contraire du noir, donc symbole de l'espérance et du bonheur.
Charles d'Orléans a même écrit un poème intitulé «Le gris de l'espoir». Il y a
un bon et un mauvais gris. En fait, le gris a un statut à part. Goethe,
d'ailleurs, avait pressenti cette singularité. Pour lui, la couleur qui
réunissait toutes les autres n'était pas le blanc, teinte faible contenant
selon lui peu de matières colorées, mais bien le gris, qu'il qualifiait de
couleur «moyenne». Ce qui, d'un point de vue chimique, n'est pas idiot. De
plus, pour le peintre du dimanche que je suis, le gris est la couleur la plus
riche à travailler: il possède un grand nombre de nuances, il autorise les
camaïeux les plus subtils, il fait du bien aux autres couleurs.
Dominique Simonnet
Dominique Simonnet
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