mercredi 25 avril 2012

Les grives....
Voici une petite "cage à appelant" trouvée sur une brocante.Je l'ai repeinte d'un "gris galet"  sans toucher au petit pot de terre ancien et j'ai accroché deux petit coeurs blancs pour faire un peu oublier la cruauté du passé de cette cage qui servait autrefois à la chasse. On y enfermait une grive qui "appelait" en chantant d'autres grives.... 


Voici deux textes sur les grives...
Quoique très différents, on y goûte avec autant de gourmandise toute la nostalgie et la poésie des souvenirs...Chaque écrivain a plongé sa plume dans la palette de mots qui lui est intimement liée. 
Marcel Pagnol a les mots ensoleillés de Provence et Chateaubriand a les mots "gris-bleu" de Saint Malo....



Extrait des « Mémoires d’outre tombe » de Chateaubriand
"Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis si souvent siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui. Mais cette première tristesse était celle qui naît d'un désir vague de bonheur, lorsqu'on est sans expérience ; la tristesse que j'éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l'oiseau dans les bois de Combourg m'entretenait d'une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m'entraînent ; je n'ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ? Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ? Mettons à profit le peu d'instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que j'y touche encore : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s'éloigne et qui va bientôt disparaître."
Chateaubriand
"Mémoires d'outre tombe" 


Extrait du « Château de ma mère » de Marcel Pagnol : la lettre de Lili que l’on imagine aisément sur une feuille de cahier d’écolier avec quelques tâches d’encre….

« Ô collègue !
Je met la main à la plume pour te dire que les grives sont pas venu cet année,Rien mé rien, même les darenagaz sont parti, comme toi.jen n’ai pas prit deux.Les perdrots non plus.j’y vais plus cé pas la pène.il veau bien mieux Travaillé à l’Ecole pour apprendre l’Ortograffe autrement quoi ?c’est pas posible.même les saludes il n’y en a guaire.elles sont peutites,les soiseaux en veut pas.Cet Malheureut, tu en as de la chanse de pas être ici cet un Dézastre.je me langui que tu vien.alors.les Soiseaus tant bien.et les perdrots et les Grives pour noël.En plus,il m’ont volé douze Pièje et au moins Sinquante Grive.Je sé quicé.les plus beau Pièje.cé celui d’Allo.le Boiteut.Rapèletoi que je m’en rapèlerai et en plusil fet froid,avec mistralle, tous les jours à la chasse j’ai les Pieds glassés,heureusement j’ai le Cachené.mais je me languis de toi.batistin est contant :il prend trente grive par jour.à la Glue.avantiers.dix orthollan.et Samedi douze saire gavotte.à la Glue.avantiers je suis été sous tête Touge,j’ai voulu écouter la Pierre,sa m’a glassé l’oreille.èle veut plus chanté éle fét que Pleuré.voilà les nouvèle.salut la compagnie.je t’envois une feuille de soge pour toi et une violète pour ta mère.ton ami pour la vie lili.
Il ne fut pas facile de déchiffrer cette écriture que l’orthographe n’éclairait guère. Mais mon père, grand spécialiste, y parvint, après quelques tâtonnements. Il dit ensuite :
« Il est heureux qu’il lui reste trois ans pour préparer le certificat d’études ! »
Puis il ajouta en regardant ma mère :
« Cet enfant a du cœur, et une vraie délicatesse. »
Marcel Pagnol
Le château de ma mère


mardi 24 avril 2012

Dehors il pleut, il pleut et il pleut....Alors je vais reprendre mes pinceaux et mes couleurs au milieu de tout ce que j'aime....
parfum de fleur de coton, jolis flacons de verre fin....

mes coeurs de lin et de dentelles....

brumes d'oreillers et bougies parfumées...

paniers blancs, lavande et coton....
mes peintures....

mes pinceaux...

mes bocaux de sable, de coquillages et de verres dépolis....Ceux-ci viennent de plages des vacances de mon enfance dans le sud ouest et c'est ma petite cousine Claire qui me les a envoyés!...
"La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie"
Edouard Manet

dimanche 15 avril 2012

Des aquarelles encadrées....


Les noisettes sauvages
Les poires 

Un arbre sur la colline







Je prenais mes photos à la suite 
sans  surveiller le chat....
Et en ouvrant le dossier
 j'ai découvert mon premier critique artistique!..... 













samedi 14 avril 2012

Une page gris perle sans nuages...


Les demi-couleurs-Gris pluie, rose bonbon
Par Dominique Simonnet (L'Express)
Reste le gris, que vous mettez à part,

Oui, car il a presque tous les caractères d'une vraie couleur: il n'a pas de référents, le mot est ancien (il vient du germanique grau) et il possède un double symbolisme. Pour nous, il évoque la tristesse, la mélancolie, l'ennui, la vieillesse; mais, à une époque où la vieillesse n'était pas si dévalorisée, il renvoyait au contraire à la sagesse, à la plénitude, à la connaissance. Il en a gardé l'idée d'intelligence (la matière grise). A la fin du Moyen Age, on le voyait comme le contraire du noir, donc symbole de l'espérance et du bonheur. Charles d'Orléans a même écrit un poème intitulé «Le gris de l'espoir». Il y a un bon et un mauvais gris. En fait, le gris a un statut à part. Goethe, d'ailleurs, avait pressenti cette singularité. Pour lui, la couleur qui réunissait toutes les autres n'était pas le blanc, teinte faible contenant selon lui peu de matières colorées, mais bien le gris, qu'il qualifiait de couleur «moyenne». Ce qui, d'un point de vue chimique, n'est pas idiot. De plus, pour le peintre du dimanche que je suis, le gris est la couleur la plus riche à travailler: il possède un grand nombre de nuances, il autorise les camaïeux les plus subtils, il fait du bien aux autres couleurs. 
Dominique Simonnet


Des brumes du soir aux rosées du matin, toutes les nuances de gris; gris-bleu, gris-rose, gris-perle- gris vert....préparent la palette de toutes les teintes qui coloreront le jour qui se lève...