vendredi 22 juin 2012

Du soleil dans les abricots...


L'abricot tendre et gourmand...








Alors que d'autres langues utilisent la racine latine pour nommer ce que nous appelons abricot, les mots russe : abrikos, allemand: abrikose, anglais apricot viennent du latin apricum qui signifie l'ensoleillé.








Extrait de "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Philippe Delerm
Le vieil abricotier qui voulait garder ses fruits....



"Un escabeau s'appuie contre le prunier d'ente. Plusieurs fruits sont tombés dans la petite allée qui court autour du potager. De loin, les prunes paraissent mauves, mais on découvre en les approchant toute une lutte entre bleu sombre et rose, et quelques grains de sucre collés sur la peau fragile: les fruits tombés se sont ouverts et pleurent une chair abricot brunie par la terre mouillée. Dans l'arbre, les prunes pas tout à fait mûres ont des rougeurs tachetées sur fond d'ocre-vert, le bleuté de leurs aînées les tente et les effraie."


Cet extrait est rempli de touches de couleurs comme sur une palette!...


Connaissez-vous "Le noyau d'abricot" de Jean Giono ?
     

Quatre contes inédits :«Le noyau d'abricot»,«Le buisson d'hysope»,«Le prince qui s'ennuyait»et«La princesse ayant envie», qui trouvent leur inspiration dans la tradition des contes orientaux.
"Voici quatre contes inédits par l'auteur du Hussard sur le toit. Quatre contes délicieux, d'inspiration persane pour les uns, orientale pour les autres. Dans Le noyau d'abricot, afin de se venger des moqueries de son ancien amant le djinn Nûr, Paquette le transforme en noyau d'abricot et le suspend à un arbre... Dans Le buisson d'hysope, on apprendra l'origine des oliviers de Provence. Le prince qui s'ennuyait nous montre ce qu'il arrive aux méchants princes quand ils se moquent des fées, et, grâce à La princesse ayant envie..., nous découvrirons les pouvoirs des grains de raisin contre l'ennui. Les plaisirs facétieux d'un grand conteur du XXe siècle."
Les abricots aussi ont leurs légendes....
"L'abricot est associé à Vénus, déesse de l'Amour. Selon une croyance très répandue  l'abricot a e pouvoir d'éveiller la passion et le désir charnel.Cette association nous vient d'Andalousie...Une superstition locale prétend que si une femme porte sous ses jupes des fleurs et des feuilles d'abricotier, elle attirera tous les regards et suscitera toutes les envies.Et c'est ainsi que durant les guerres napoléoniennes, on vit des femmes de la très haute bourgeoisie Espagnole s'habiller en gitane tout en remplissant leur jupon de fleurs et de feuilles d'abricotier.Elles allaient ainsi "racoler" les soldats français afin de les détourner de leur devoir de guerre. A peine étaient-ils appâtés qu'une fumée acre les empoisonnait. L'honneur des dames était ainsi sauf et la légende de l'abricot lié au désir et à l'amour était née...."


mercredi 20 juin 2012

 Une photo "Cueillette de juin" pour le concours de Tinou
Cueillette de juin...

mardi 19 juin 2012

"Le temps des cerises..."

Inspiration cerises....


Une légende basque sur les cerises...


Une fois, tandis qu'ils allaient par le pays Basque, le Seigneur Jésus, lui montrant par terre quelque chose, dit à Saint Pierre:" Ramasse de terre ce fer à cheval.Mais Saint Pierre, à la dérobée, d'un coup de pied, chasse le fer à cheval, en se disant par devers lui-même :"Pourquoi recueillir cette méchante ferraille?"
Le Seigneur Jésus, alors à la dérobée lui aussi, releva lui-même le fer et en arrivant au village, il le vendit deux sous à un forgeron.Ensuite, avec ces deux sous, il acheta des cerises.E ils se remirent en route. Il faisait atrocement chaud.Saint Pierre, la bouche desséchée, regardait de tous les côtés, et se disait : "N'allons-nous donc pas voir, par ici, une petite source seulement?"
Dans ce même moment, et comme si de rien n'était, le Seigneur Jésus laissa tomber de sa poche une cerise. Saint Pierre s'en saisit tout de suite et la porta gloutonnement à la bouche, craignant d'être vu par le Seigneur Jésus.
Un peu plus loin, une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, ce fut le même manège encore: Le Seigneur Jésus jetait les cerises et Saint Pierre les mangeait jusqu'à la dernière. 
Ils s'arrêtèrent ensuite un instant sous le couvert d'un arbre, et le Seigneur Jésus dit à Saint Pierre : "Si une fois seulement, tu t'étais courbé pour relever le fer à cheval, tu n'aurais pas eu à te baisser vingt fois pour manger les cerises!"
Légende tirée de "Légendes Basques" de Jean Barbier aux éd. Elkar 1983

Une légende du sud de l'Espagne...

Un jour, une des favorites espagnoles du roi Abderraman III fut prise de mélancolie et lui demanda de voir la neige en avril. Voulant satisfaire son caprice, il l'emmena dans la vallée perdue, au pied des monts Gredos dans la région actuelle de l'Estrémadure, pour lui montrer le blanc tapis de fleurs blanches que répandent des milliers de cerisiers en fleurs. La jeune favorite conquise perdit sa mélancolie et le jeune roi ordonna que l'on plante dans son jardin l'arbre qui lui avait rendu le sourire...

samedi 19 mai 2012


Pétales blancs et papillons de nuit...

Diaphora mendica - Erebidae
Compagnon blanc
Quelques mots sur "Le compagnon blanc",'Silene Latifolia)
 cette petite fleur vivace et fragile qui illumine les bords de chemin le soir de Mai à Juillet...
Les fleurs ne s'ouvrent complètement qu'à la tombée de la nuit.Très odorantes, elles attirent les papillons de nuit qui les pollinisent.


Fleur de Compagnon blanc
On l'appelle aussi "Bouton de garçon à marier": les jeunes campagnards anglais portaient cette fleur de compagnon blanc en forme de bouton à leur pochette et si elle s'épanouissait, c'était bon signe pour leur avenir avec la fille qu'ils aimaient.....
Fiche botanique "compagnon blanc"

Je vais reprendre mes pinceaux et mes aquarelles!.....

mercredi 25 avril 2012

Les grives....
Voici une petite "cage à appelant" trouvée sur une brocante.Je l'ai repeinte d'un "gris galet"  sans toucher au petit pot de terre ancien et j'ai accroché deux petit coeurs blancs pour faire un peu oublier la cruauté du passé de cette cage qui servait autrefois à la chasse. On y enfermait une grive qui "appelait" en chantant d'autres grives.... 


Voici deux textes sur les grives...
Quoique très différents, on y goûte avec autant de gourmandise toute la nostalgie et la poésie des souvenirs...Chaque écrivain a plongé sa plume dans la palette de mots qui lui est intimement liée. 
Marcel Pagnol a les mots ensoleillés de Provence et Chateaubriand a les mots "gris-bleu" de Saint Malo....



Extrait des « Mémoires d’outre tombe » de Chateaubriand
"Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis si souvent siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui. Mais cette première tristesse était celle qui naît d'un désir vague de bonheur, lorsqu'on est sans expérience ; la tristesse que j'éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l'oiseau dans les bois de Combourg m'entretenait d'une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m'entraînent ; je n'ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ? Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ? Mettons à profit le peu d'instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que j'y touche encore : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s'éloigne et qui va bientôt disparaître."
Chateaubriand
"Mémoires d'outre tombe" 


Extrait du « Château de ma mère » de Marcel Pagnol : la lettre de Lili que l’on imagine aisément sur une feuille de cahier d’écolier avec quelques tâches d’encre….

« Ô collègue !
Je met la main à la plume pour te dire que les grives sont pas venu cet année,Rien mé rien, même les darenagaz sont parti, comme toi.jen n’ai pas prit deux.Les perdrots non plus.j’y vais plus cé pas la pène.il veau bien mieux Travaillé à l’Ecole pour apprendre l’Ortograffe autrement quoi ?c’est pas posible.même les saludes il n’y en a guaire.elles sont peutites,les soiseaux en veut pas.Cet Malheureut, tu en as de la chanse de pas être ici cet un Dézastre.je me langui que tu vien.alors.les Soiseaus tant bien.et les perdrots et les Grives pour noël.En plus,il m’ont volé douze Pièje et au moins Sinquante Grive.Je sé quicé.les plus beau Pièje.cé celui d’Allo.le Boiteut.Rapèletoi que je m’en rapèlerai et en plusil fet froid,avec mistralle, tous les jours à la chasse j’ai les Pieds glassés,heureusement j’ai le Cachené.mais je me languis de toi.batistin est contant :il prend trente grive par jour.à la Glue.avantiers.dix orthollan.et Samedi douze saire gavotte.à la Glue.avantiers je suis été sous tête Touge,j’ai voulu écouter la Pierre,sa m’a glassé l’oreille.èle veut plus chanté éle fét que Pleuré.voilà les nouvèle.salut la compagnie.je t’envois une feuille de soge pour toi et une violète pour ta mère.ton ami pour la vie lili.
Il ne fut pas facile de déchiffrer cette écriture que l’orthographe n’éclairait guère. Mais mon père, grand spécialiste, y parvint, après quelques tâtonnements. Il dit ensuite :
« Il est heureux qu’il lui reste trois ans pour préparer le certificat d’études ! »
Puis il ajouta en regardant ma mère :
« Cet enfant a du cœur, et une vraie délicatesse. »
Marcel Pagnol
Le château de ma mère


mardi 24 avril 2012

Dehors il pleut, il pleut et il pleut....Alors je vais reprendre mes pinceaux et mes couleurs au milieu de tout ce que j'aime....
parfum de fleur de coton, jolis flacons de verre fin....

mes coeurs de lin et de dentelles....

brumes d'oreillers et bougies parfumées...

paniers blancs, lavande et coton....
mes peintures....

mes pinceaux...

mes bocaux de sable, de coquillages et de verres dépolis....Ceux-ci viennent de plages des vacances de mon enfance dans le sud ouest et c'est ma petite cousine Claire qui me les a envoyés!...
"La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie"
Edouard Manet

dimanche 15 avril 2012

Des aquarelles encadrées....


Les noisettes sauvages
Les poires 

Un arbre sur la colline







Je prenais mes photos à la suite 
sans  surveiller le chat....
Et en ouvrant le dossier
 j'ai découvert mon premier critique artistique!..... 













samedi 14 avril 2012

Une page gris perle sans nuages...


Les demi-couleurs-Gris pluie, rose bonbon
Par Dominique Simonnet (L'Express)
Reste le gris, que vous mettez à part,

Oui, car il a presque tous les caractères d'une vraie couleur: il n'a pas de référents, le mot est ancien (il vient du germanique grau) et il possède un double symbolisme. Pour nous, il évoque la tristesse, la mélancolie, l'ennui, la vieillesse; mais, à une époque où la vieillesse n'était pas si dévalorisée, il renvoyait au contraire à la sagesse, à la plénitude, à la connaissance. Il en a gardé l'idée d'intelligence (la matière grise). A la fin du Moyen Age, on le voyait comme le contraire du noir, donc symbole de l'espérance et du bonheur. Charles d'Orléans a même écrit un poème intitulé «Le gris de l'espoir». Il y a un bon et un mauvais gris. En fait, le gris a un statut à part. Goethe, d'ailleurs, avait pressenti cette singularité. Pour lui, la couleur qui réunissait toutes les autres n'était pas le blanc, teinte faible contenant selon lui peu de matières colorées, mais bien le gris, qu'il qualifiait de couleur «moyenne». Ce qui, d'un point de vue chimique, n'est pas idiot. De plus, pour le peintre du dimanche que je suis, le gris est la couleur la plus riche à travailler: il possède un grand nombre de nuances, il autorise les camaïeux les plus subtils, il fait du bien aux autres couleurs. 
Dominique Simonnet


Des brumes du soir aux rosées du matin, toutes les nuances de gris; gris-bleu, gris-rose, gris-perle- gris vert....préparent la palette de toutes les teintes qui coloreront le jour qui se lève... 


jeudi 22 mars 2012

Des bigarreaux
"Un merle noir, oxydé de vert et de violet, piquait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée...
- Qu'il est beau!...Chuchotait ma mère. Et tu vois comme il se sert de sa patte? Et tu vois les mouvements de sa tête et cette arrogance? Et ce tour de bec pour vider le noyau? Et remarque bien qu'il n'attrape que les plus mûres...
- Mais, maman, l'épouvantail...
- Chut!...L'épouvantail ne le gêne pas...
- Mais, maman, les cerises!...
Ma mère ramena sur la terre ses yeux couleur de pluie:
- Les cerises?...Ah! Oui, les cerises...

Le merle était parti, gavé, et l'épouvantail hochait au vent son gibus vide."  

COLETTE
"Sido"  

Fraises sauvages...

Fraises sauvages....

"Le vent se meurt sous les allées couvertes, où l’air se balance à peine, lourd, musqué…Une vague molle de parfum guide les pas vers la fraise sauvage, ronde comme une perle, qui mûrit ici en secret, noircit, tremble et tombe, dissoute lentement en suave pourriture framboisée dont l’arôme se mêle à celui d’un chèvrefeuille verdâtre, poissé de miel, à celui d’une ronde de champignons blancs"…
COLETTE
« Sido-Les vrilles de la vigne »

Et oui! Je le sais bien!
Je n'emporterai rien,
Pas même l'ombre d'un nuage.
Mais qu'elle est belle, dans ma main,
Cette fraise sauvage!
Maurice Carême




dimanche 26 février 2012

Une page de lecture...
Avant de reprendre mes pinceaux, j'ai envie de consacrer une page à un livre magnifique que je viens de finir de lire. "L'ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon...




Dans la Barcelone de l’après-guerre civile, « ville des prodiges » marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours.
Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets « enterrés dans l’âme de la ville » : L’Ombre du Vent. Avec ce tableau historique, roman d’apprentissage évoquant les émois de l’adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l’Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s’emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafón mêle inextricablement la littérature et la vie.

Quelques citations extraites de "L'ombre du vent"
sans trahir les secrets de ce livre....

"Les livres sont des miroirs, et l'on y voit que ce qu'on porte              en soi-même"

« Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu'un livre change de mains, que quelqu'un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. »
«Rien ne marque autant un lecteur que le premier livre qui s'ouvre vraiment un chemin jusqu'à notre cœur. Ces premières images, l'écho de ces premiers mots que nous croyons avoir laissés derrière nous, nous accompagnent toute notre vie et sculptent dans notre mémoire un palais ou tôt ou tard - et peu importe le nombre de livres que nous lisons, combien d'univers nous découvrons-, nous reviendrons un jour.»
"Le destin attend toujours au coin de la rue. Comme un voyou, une pute ou un vendeur de loterie : ses trois incarnations favorites. Mais il ne vient pas vous démarcher à domicile. Il faut aller à sa rencontre."
"Béa prétend que l'art de la lecture meurt de mort lente, que c'est un rituel intime, qu'un livre est un miroir ou nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, que lire c'est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares."




samedi 18 février 2012


Parce qu'on ne peut ignorer le monde dans lequel on vit même si l'on aime être parfois sur les étoiles....
Voici un texte magnifique de Victor Hugo extrait des "Misérables" qui peint    le sort tragique de celui qui se retrouve rejeté en marge de notre société....Et qui aujourd'hui pourrait être grec....
Encre de Victor Hugo
                                

Un homme à la mer !
Qu'importe! Le navire ne s'arrête pas.
Ce sombre navire-là a une route qu'il est forcé de continuer. Il passe.
L'homme disparaît, puis reparaît, il plonge et remonte à la surface. Il appelle, il tend les bras, on ne l'entend pas; le navire, frissonnant sous l'ouragan, est tout à sa manœuvre, les matelots et les passagers ne voient même plus l'homme submergé; sa misérable tête n'est qu'un point dans l'énormité des vagues.
Il jette des cris désespérés dans les profondeurs. Quel spectre que cette voile qui s'en va ! Il la regarde, il la regarde frénétiquement. Elle s'éloigne, elle blêmit, elle décroît. Il était là tout à l'heure, il était de l'équipage, il allait et venait sur le pont avec les autres, il avait sa part de respiration et de soleil, il était un vivant. Maintenant, que s'est-il donc passé ? Il a glissé, il est tombé, c'est fini.
Il est dans l'eau monstrueuse. Il n'a plus sous les pieds que de la fuite et de l'écoulement. Les flots déchirés et déchiquetés par le vent l'environnent hideusement, les roulis de l'abîme l'emportent, tous les haillons de l'eau s'agitent autour de sa tête, une populace de vagues crache sur lui, de confuses ouvertures le dévorent à demi; chaque fois qu'il enfonce, il entrevoit des précipices pleins de nuit; d'affreuses végétations inconnues le saisissent, lui nouent les pieds, le tirent à elles; il sent qu'il devient abîme, il fait partie de l'écume, les flots se le jettent de l'un à l'autre, il boit l'amertume, l'océan lâche s'acharne à le noyer, l'énormité joue avec son agonie. Il semble que toute cette eau soit de la haine.
Il lutte pourtant, il essaie de se défendre, il essaie de se soutenir, il fait effort, il nage. Lui, cette pauvre force tout de suite épuisée, il combat l'inépuisable.
Où donc est le navire ? Là-bas, à peine visible dans les pâles ténèbres de l'horizon.
Les rafales soufflent ; toutes les écumes l'accablent. Il lève les yeux et ne voit que les lividités des nuages. Il assiste agonisant, à l'immense démence de la mer. Il est supplicié par cette folie. Il entend des bruits étrangers à l'homme qui semblent venir d'au delà de la terre et d'on ne sait quel dehors effrayant.
Il y a des oiseaux dans les nuées, de même qu'il y a des anges au dessus des détresses humaines, mais que peuvent-ils pour lui ? Cela vole, chante et plane, et lui, il râle.
Il se sent enseveli à la fois par ces deux infinis, l'océan et le ciel; l'un est une tombe, l'autre est un linceul.
La nuit descend, voilà des heures qu'il nage, ses forces sont à bout; ce navire, cette chose lointaine où il y avait des hommes, s'est effacé; il est seul dans le formidable gouffre crépusculaire, il enfonce, il se roidit, il se tord, il sent au dessous de lui les vagues monstres de l'invisible, il appelle.
Il n'y a plus d'hommes. Où est Dieu ?
Il appelle. Quelqu'un! Quelqu'un! Il appelle toujours.
Rien à l'horizon. Rien au ciel.
Il implore l'étendue, la vague, l'algue, l'écueil; cela est sourd. Il supplie la tempête; la tempête imperturbable n'obéit qu'à l'infini.
Autour de lui, l'obscurité, la brume, la solitude, le tumulte orageux et inconscient, le plissement indéfini des eaux farouches. En lui l'horreur et la fatigue. Sous lui la chute. Pas de point d'appui. Il songe aux aventures ténébreuses du cadavre dans l'ombre illimitée. Le froid sans fond le paralyse. Ses mains se crispent et se ferment, et prennent du néant. Vents, nuées, tourbillons, souffles, étoiles inutiles! Que faire , Le désespéré s'abandonne, qui est las prend le parti de mourir, il se laisse faire, il se laisse aller, il lâche prise, et le voilà qui roule à jamais dans les profondeurs lugubres de l'engloutissement.
Ô marche implacable des sociétés humaines ! Pertes d'hommes et d'âmes chemin faisant ! Océan où tombe tout ce que laisse tomber la loi ! Disparition sinistre du secours ! Ô mort morale !
La mer, c'est l'inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damnés. La mer, c'est l'immense misère.
Victor HUGO (extrait « Les misérables »)

dimanche 12 février 2012

La peinture et la littérature sont pour moi étroitement liées.
Une palette de couleurs et des livres  choisis savent si souvent exprimer, révéler ou apaiser les mystères de l'âme...


j'ai envie d'écrire ces citations sur les étagères de ma bibliothèque.


"La peinture permet de regarder les choses en tant qu'elles ont été une fois contemplées avec amour." Paul Valéry


"Il y a dans la peinture quelque chose de plus, qui ne s'explique pas, qui est essentiel." Pierre Auguste Renoir


"La peinture ne saisira le mystère de la réalité que si le peintre ne sait pas comment s'y prendre." Francis Bacon


"La peinture vient de l'endroit où les mots ne peuvent plus s'exprimer." 
Gao Xingjian


"La peinture doit revenir à son but premier, l'examen de la vie intérieure des êtres humains."Pierre Bonnard


"La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir." Léonard de Vinci


"La peinture est la face visible de l'iceberg de ma pensée." Salvador Dali


"La couleur surtout et peut-être plus encore que le dessin est une libération." Matisse



jeudi 9 février 2012

La noix de muscade

La noix de muscade a longtemps été une plante magique: rêver d'elle présageait un changement de vie; mise autour su cou elle protégeait des crises d'épilepsie; elle servait d'envoûtement amoureux, il suffisait de graver sur la noix le nom de la personne que l'on voulait voir tomber amoureuse et d'enterrer la noix sous un sapin pour que le voeux se réalise..
Aujourd'hui, elle n'excite plus que les palais gourmets...


mercredi 14 décembre 2011

Mandarines et oranges....
Mandarines


Pomme d’ambre
Piquez chaque orange avec la pointe d’un couteau pointu et enfoncez les clous de girofle. Posez les oranges sur une soucoupe de céramique ou enroulez-la d’un ruban de lin ou d’une ficelle pour la suspendre. Préparez-les une ou deux semaines avant Noël, elles embaumeront votre maison de leur douce odeur épicée



L’orange piquée de clous de girofle et enrobée parfois de poudre d’épices est la version végétale du bijou en métal précieux ciselé contenant l’ambre gris ou le musc et nommé « pomme de senteur », « pomme d’ambre » ou pomander. Portée sur soi dans un sachet suspendu au cou, elle était au moyen âge sensé protéger de l’infection. Elle sert aujourd’hui à parfumer et décorer la maison ou placée dans les armoires à protéger le linge contre les mites.

mercredi 30 novembre 2011

Une page d'hiver

Une page d'hiver...
Des poires et des noisettes savoureusement accompagnées par la plume fine et gourmande de Colette....
Deux poires couleur citron


Trois noisettes sauvages





Le feu sous la cendre
La cendre, dans le plus frais de mon souvenir, c’est…comment écrire ? C’est la fleur du feu, sa blanche écume, son inséparable, son impondérable duvet,-c’est la cendre de bois-.
…Dans ce temps lointain où j’apprenais à respecter la cendre, couvrir le feu pour la nuit, réveiller le lendemain matin son ardeur capitonnée de cendres, j’apprenais aussi que la cendre de bois cuit, savoureusement, ce qu’on lui confie. La pomme, la poire, logées dans un nid de cendre chaude, en sortent ridées boucanées, mais molles sous leur peau comme un ventre de taupe, et si « bonne femme » que se fasse la pomme sur le fourneau de cuisine, elle reste loin de cette confiture enfermée sous sa robe originelle, congestionnée de saveur et qui n’a exsudé-si vous savez vous y prendre !-qu’un seul pleur de miel.
Trop chère pour nous, la truffe du Périgord cédait la place, l’hiver, à la truffe de Puisaye qui est grise, à peu près insipide et dont le parfum abuse l’ignorant. Mais grise ou noire, enfermez la truffe, brossée, dans une papillote de papier huilé, glissez-la au devant du feu, dans une taupinière de cendre très chaude. Egrenez au sommet du tumulus minuscule, de menues braises,-l’inspiration, la légèreté de main aidant, vous exhumerez, une demi-heure plus tard, des truffes pour « la croque sel ».
La betterave rouge peut profiter, après, du lit tout chaud et embaumé par la truffe. Vous l’arroserez, à peine salée, mieux poivrée, d’huile d’olive et vous l’accompagnerez d’un panache de cèleri blanc. Et le vinaigre ? Vinaigrez, si vous y tenez, mais recourez au vinaigre de vin qui est doux.
Cuite, recuite, rougie vingt fois, remuée à la pincette, vannée à la pelle, la cendre ne quittait l’âtre, dans le pays de mon enfance, que pour descendre à la cave sèche et servir de linceul aux fromages, les fromages plats et minces de l’Yonne et du Loiret, qui y passaient deux mois, trois, parfois six mois. Ils en sortaient comme d’une catastrophe pompéienne, quasi pétrifiés. Mais leur pulpe était devenue de cire transparente, jaune, d’une homogénéité singulière et d’un goût ami du vin rouge, de la noix d’hiver et de la salade de pissenlit.
Colette

une dernière cueillette dans mon carnet....

Une dernière cueillette de champignons des bois dans mon carnet d'aquarelles et non dans mon panier car ils ne sont pas tous comestibles même si mon pinceau les a croqués avec gourmandise....
Coprin micace


Girolle

Bolet changeant

Panaeole Papillon

Pholiote ridé


Poème de Victor Hugo...


Voici que la saison décline,
L'ombre grandit, l'azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;
L'océan n'a plus d'alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l'été fond.

Victor Hugo

jeudi 27 octobre 2011

Encore une page d'Automne..."L'automne est le printemps de l'hiver" Henri de Toulouse Lautrec


Un champignon des bois
Psalliote des forêts 

Champignons
Inocybé pointu


Trois châtaignes

Quelques phrases sur les peintres à l'ombre de mes arbres...

Quelques citations sur les peintres à l'ombre de mes arbres...



« Le tableau et le peintre se séparent quand ils ne sont plus d’aucun secours l’un pour l’autre. Quand le tableau ne sait plus nourrir le peintre, quand le peintre ne sait plus nourrir sa peinture. »
Christian Bobin

« Tout art s’adresse aux sens, d’abord, plus qu’à l’esprit. »
Francis Carco

« Un peintre c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence. »
Christian Bobin

« Les peintres sont les évadés du mot. »
Marc  Gendron